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Protection au travail - Industrie 4.0

Protection physique et protection des données au cœur des interactions avec les robots

Fanny Delacauw
27/09/22 10:30

L’industrie 4.0 peut être une occasion de replacer l’humain au centre, en faisant appel à des compétences qui s’apparent davantage à des soft skills, comme la capacité à résoudre des problèmes, la pensée critique, la créativité ou l’intelligence émotionnelle. Mais quelle est l’autre face de la médaille, liée à la protection au travail ?

Protection au travail et risques physiques

Dans un certain nombre de démarches 4.0 subventionnées par les pouvoirs publics, le premier acte encouragé est l’achat d’un robot d’une nouvelle génération : d’un poids de 7 à 14 kg, équipé de capteurs et d’un système d’IA qui ne nécessite pas de programmation, d’un coût inférieur à 22k€. Guidé avec la main, le robot fait l’apprentissage de la tâche à réaliser en reproduisant les gestes manuels de l’opérateur. La nouvelle génération de robots collaboratifs, appelés également « cobots », promeut une nouvelle conception du travail dans l’usine et au poste de travail.

Les robots sont sortis de leur cage pour assister l’opérateur. Au-delà de la prouesse technologique, cette évolution robotique pose de nouvelles exigences vis-à-vis de la prévention de la sécurité et de la protection au travail, comme le souligne Isabelle Wildhaber, Docteure en droit, avocate et professeure à l’Université de St-Gall.

Les robots peuvent contribuer à sécuriser un environnement de travail s’il s’agit d’intervenir dans des zones dangereuses, en détectant les risques en amont. L’utilisation d’exosquelettes peut faciliter le transport de charges lourdes et éviter la multiplication des troubles musculo-squelettiques. Isabelle Wildhaber cite l’exemple de l’exosquelette industriel d’Esko Bionics ou de l’entreprise suisse Colas, conçu pour être utilisé sur des chantiers. La réduction des risques santé est une facette du sujet la plus fréquemment mise en avant.

L’autre facette concerne les risques liés à la multiplication de ces interactions entre travailleurs et robots. Elle est généralement peu abordée, et ce même si ce nouveau contexte nécessite d’élaborer de nouvelles normes de sécurité. Isabelle Wildhaber nous alerte sur certaines dérives :

Les exosquelettes peuvent occasionner des blessures lorsqu’ils sont mal adaptés au corps, lorsque la mise en œuvre est mauvaise ou lorsque le travailleur surestime ses aptitudes physiques.

Ces nouveaux environnements de travail impliquent de faire l’apprentissage d’une nouvelle évaluation des risques juridiques en matière de sécurité au travail pour le fabricant de robots et les employeurs qui les utilisent.

Protection au travail concernant l’intrusion dans les données du travailleur

À la question de la protection physique des travailleurs s’ajoute celle de la protection des données du travailleur. Des lunettes de réalité augmentée vissées sur la tête, l’opératrice reçoit un signal, clique dans le vide sur un écran virtuel et enclenche l’étape suivante de production. Elle supervise et exécute. Les différents capteurs renseignent l’ordre des tâches à exécuter, lui indiquent dans quel bac piocher telle pièce et lui permettent de suivre les indicateurs de productivité.

Ce type d’outil qui combine IA, vidéo et enregistrement peut être perçu comme une assistance numérique qui permet d’exécuter son travail avec la garantie d’une fiabilité totale et d’une productivité suivie en temps réel. Par la mise en réseau de toutes les machines sur une ligne de production, la hiérarchie de l’entreprise peut ainsi connaître à tout moment le statut des pièces en cours de fabrication, et dispose de données très détaillées sur la performance individuelle des salariés.

Du point de vue du salarié, cette « exécution assistée » soulève la question d’une surveillance constante de l’opérateur qui devient aussi « transparent qu’un verre », pour reprendre l’expression adoptée par les syndicats allemands. Ces derniers s’inquiètent des nouvelles formes de contrôle du comportement et de pression accrue sur les performances permises par les nouvelles technologies.

  • Par exemple, chez Amazon, des ordinateurs GPS portatifs sonnent l’alarme lorsqu’un travailleur fait une pause en dehors des horaires de pauses prévus.
  • Autre exemple, à la foire d’Hanovre en 2015, le Professeur Sabine Pfeiffer, sociologue à l’Université de Hogenheim, montrait un film réalisé par l’Institut pour les machines-outils et les sciences de gestion de l’Université technique de Munich sur l’usine du futur et l’industrie 4.0. Dans cette usine, le pouls des salariés âgés est mesuré et enregistré. S’il dépasse un seuil critique, un opérateur remplaçant est appelé automatiquement pour assister le salarié, ou bien le système signale au salarié de s’orienter vers des tâches moins stressantes. Alors que Henning Kagermann, un des pères de l’Industrie 4.0 en Allemagne, considère cette innovation comme utile et renforçant la protection au travailNous voulons nous assurer que les salariés travaillent à la place qui est pour eux la plus appropriée ! »), Constanze Kurz, membre du Vorstand de l’IG Metall, conteste cette forme intrusive de surveillance.

Dans un rapport sur l’IoT et les technologies RFID de 2009 publié par la fondation Hans-Böckler, il est recommandé que les conseils d’établissement se mobilisent au sein des entreprises d’une même branche et tout au long de la chaîne de valeur pour de la protection au travail des opérateurs et de leurs données de production.

Délégitimation du management intermédiaire

Enfin, un dernier risque de l’industrie 4.0 concerne la possible délégitimation du management intermédiaire.

Les opérateurs promus en « pilotes de ligne » de production dans certains entreprises modifient les logiques de pouvoir. Les échelons intermédiaires dotés de compétences techniques moindres peuvent se trouver marginalisés. Ce processus de transformation est parfois difficile à mettre en œuvre quand il implique une bascule du pouvoir vers le terrain. Cette bascule est d’autant plus délicate à opérer quand par le passé, ce niveau intermédiaire s’est essentiellement construit sur des tâches de supervision focalisée sur l’écriture et le respect des processus et des procédures dédiées aux certifications. La légitimité technique du management intermédiaire peut se trouver dépassée par l’appétence numérique des échelons inférieurs et des nouvelles générations. 

En conclusion, la protection au travail est un autre aspect à prendre en compte lorsqu’une entreprise adopte le modèle 4.0. Les données récoltées sur les opérateurs grâce aux nouvelles technologies introduites dans l’organisation peuvent aussi bien être considérées comme indispensables que comme intrusives. Pour cette raison, il est nécessaire pour le management d’en discuter et d’établir des règles claires sur leur utilisation, à partager avec les personnes concernées.

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