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Modèle daffaire - Industrie 4.0

Industrie 4.0 : une reconfiguration des modèles d’affaires ?

Fanny Delacauw
25/08/22 12:30

En affirmant vouloir réaliser des séries unitaires aux mêmes coûts que ceux de la production de masse, l’industrie 4.0 affiche une ambition qui questionne aussi bien le modèle d’affaire de l’entreprise que sa chaîne de valeur.

La continuité numérique ne s’arrête pas aux bornes de l’entreprise mais inclut le client en aval, et l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en amont. En faisant circuler la donnée tout le long des chaînes de valeur, elle permet de collecter les informations sur les usages des clients et de construire une offre diversifiée.

Une création de valeur industrielle qui s’oriente vers les services

La continuité numérique mise en avant par l’industrie 4.0 offre un vaste champ pour le développement de services autour de l’usage des produits, aussi bien pour les entreprises B2C que B2B.

  • Dans le monde du B2C, le développement de l’économie des usages ou de la fonctionnalité tend d’abord vers une logique de sobriété : moins de voitures seront produites puisqu’elles seront partagées entre de multiples utilisateurs. Toutefois, de nombreux services peuvent être développés autour de l’usage, parfois plus rentables que la vente de biens industriels. Dans ce cas, le fabricant a intérêt à ce que le produit, support de son service, dure le plus longtemps possible et soit upgradable ;
  • Dans le monde des équipements industriels, les fabricants réalisent depuis de nombreuses années l’essentiel de leurs marges, non plus sur la vente de machines mais grâce aux services afférents : maintenance, pièces de rechange, optimisation, upgrade... Certains développent des offres de service à la carte.

La connectivité permet désormais de suivre en temps réel l’état de santé et l’usage des équipements, ouvrant la voie à de nouveaux services comme la maintenance prédictive. Ces services modifient en profondeur le modèle d’affaire des entreprises. En effet, la vente de ces services représente un nouveau métier, avec des implications financières et numériques importantes. :

  • Vendre des heures d’usage d’une machine ou un nombre de pièces à l’aune d’une performance garantie, plutôt qu’une machine installée dans des locaux ;
  • Vendre des heures d’éclairage d’atelier plutôt que du matériel d’éclairage industriel ;
  • Vendre des kilomètres parcourus plutôt que des pneus ;
  • …                                               

Les plateformes de services industriels : un nouveau modèle d’affaire

En parallèle, ces services liés au numérique proposés avec les équipements deviennent interopérables avec le système d’informatique industrielle de l’entreprise : ils empiètent progressivement sur le territoire des logiciels de gestion d’entreprise.

Ces services sont le plus souvent regroupés sur des plateformes d’applications qui peuvent être dédiées à un seul offreur de solutions ou bien ouvertes à de multiples entreprises qui y proposent leurs solutions logicielles. Ces plateformes se différencient des progiciels de gestion intégrée (ERP) qui ambitionnent d’offrir l’ensemble des solutions dont l’entreprise a besoin pour gérer ses commandes, ses approvisionnements, ses stocks...

Elles relèvent d’une logique modulaire : l’entreprise « colle » ensemble des logiciels d’horizons différents pour répondre à ses besoins spécifiques :

Modèle daffaire - Plateformes numériques

La continuité numérique permet ainsi l’émergence des plateformes, représentatives d’un nouveau modèle d’affaire. Une plateforme numérique est une interface qui met en relation de multiples acteurs et facilite leurs interactions.

Dans l’industrie 4.0, les équipements industriels ont vocation à être gérés en temps réel par des applications et des algorithmes :

  • À un premier niveau se trouvent des bibliothèques d’applications, comparables à celles disponibles sur nos téléphones portables. Les industriels peuvent sélectionner les plus utiles, ou sortir d’autant plus de leur modèle d’affaire pour développer ces applications pour leurs propres besoins et les proposer ensuite à la vente sur ces plateformes ;
  • À un second niveau se trouve l’infrastructure qui permet à ces applications de fonctionner. Or, à la différence de nos smartphones, celles-ci ne sont pas téléchargées pour fonctionner avec un micro-processeur local. Elles sont localisées dans le cloud, c’est-à-dire dans un espace de stockage et avec une puissance de calcul externalisée. Le savoir-faire de géants comme Amazon Web Services ou Microsoft Azure est d’offrir une puissance de calcul capable de suivre l’évolution rapide de la demande. C’est ce que l’on appelle la ‘scalabilité’, le redimensionnement en temps réel du système en fonction du volume de la demande et la capacité à accompagner la montée en puissance des applications, dont le nombre d’utilisateurs croît de manière exponentielle, sans bugs et sans rupture de service.

Si les 2ème et 3ème révolutions industrielles ont tiré profit des effets d’échelle de la production à la chaîne et de l’automatisation, la 4ème révolution industrielle bénéficie de la scalabilité en temps réel de ces plateformes.

Le modèle d’affaire de la plateforme comme nouvelle infrastructure du système de production

Pour un industriel, la question de la plateforme se pose à deux niveaux :

  • Celui des services applicatifs qu’il offre à ses clients ;
  • Celui des services auxquels il a lui-même recours pour assurer sa production.

Longtemps réservées aux seuls industriels B2C, les plateformes sont aussi devenues un enjeu pour les industriels B2B.

L’exemple de Trumpf est illustratif. Ce fabricant spécialisé dans les machines de découpe laser a participé, au début des années 2010, à un projet initié par le ministère fédéral allemand de la Formation et de la Recherche, intitulé « Place de marché pour les données technologiques », qui a été à l’origine de la création d’une plateforme de services industriels nommée Axoom.

Il s’agit d’une bibliothèque d’applications industrielles à laquelle les dirigeants d’entreprise peuvent recourir pour répondre à leurs besoins : gestion des commandes, pilotage de la production, gestion de la relation client...

Une start-up a été spécialement créée pour construire cette infrastructure avec l’appui d’autres industriels. Ce faisant, Trumpf sort des limites de son modèle d’affaire puisque cette plateforme n’a pas vocation à ne proposer que des applications pour la gestion des machines de sa propre marque.

Modèle daffaire - Industrie 4.0

Si une entreprise dont la vocation est avant tout industrielle peut renouveller son modèle d’affaire pour se positionner comme un acteur des Technologies de l’Information et des Communications (TIC) proposant des bibliothèques d’applications à ses clients, elle est également cliente de ces applications pour numériser ses processus de production. C’est un système à double face qui floute la frontière entre l’interne et l’environnement commercial externe.

Les modèles d’affaires basés sur les plateformes : un enjeu d’indépendance pour l’industrie

Les offres de solutions numériques se multiplient. Les PME industrielles sauront-elles apprendre à travailler avec des systèmes différents pour gérer leur production, leurs transactions, leur relation client, la conception de leurs produits et l’industrialisation de leurs procédés, quand elles parviennent déjà difficilement à maîtriser leur ERP ?

Cette question pointe du doigt la capacité de l’entreprise à générer des processus d’apprentissage, notamment dans le domaine de l’informatique, alors qu’elle était jusqu’à présent focalisée sur la fabrication.

Cette 4ème révolution industrielle suppose que l’ensemble des systèmes soient interopérables et que toutes les briques logicielles communiquent entre elles en temps réel. Ce besoin d’interopérabilité fait pencher la balance en faveur d’éditeurs disposant de solutions intégrées.

Ces éditeurs étant le plus souvent de grande taille (SAP, Bosch, Siemens, Schneider Electric), les dirigeants d’entreprise de taille plus petite peuvent être réticents à modifier leur modèle d’affaire en leur confiant la numérisation de leur chaîne de production. Ils deviendraient alors très dépendants de ces acteurs, leur efficacité opérationnelle étant conditionnée par la performance de leur infrastructure numérique et au téléchargement des versions les plus récentes des outils numériques. Cette numérisation pose également de nombreuses questions :

  • À qui appartiennent les données de l’entreprise transitant ou étant stockées chez le partenaire offreur de services numériques ?
  • Quid de la propriété intellectuelle ?
  • Qui a accès aux données d’usage du client qui permettent de calibrer de nouveaux services ?
  • Quel est le modèle de rémunération du prestataire numérique et dans quelle mesure est-il possible de changer de prestataire ?
  • Comment gérer les responsabilités en cas d’incidents ou de crise?

Dans ce domaine où les plus grands équipementiers se positionnent aujourd’hui, on voit apparaître des offres alternatives comme celle d’Axoom, déjà citée. Elles ciblent spécifiquement les entreprises familiales tout en cherchant à capturer la valeur de ces nouveaux services numériques.

A côté de ces plateformes de services industriels développées par des acteurs connus, émergent quantité d’applications qui ont elles-mêmes l’ambition de faire plateforme. Un exemple parmi tant d’autres est une start-up nommée Mobility Work, qui a créé le premier réseau social de machines afin de faciliter la gestion de la maintenance industrielle. Cette application permet non seulement d’accéder à des outils de gestion de maintenance par ordinateur, mais également de partager des données concernant les machines avec d’autres utilisateurs des mêmes équipements et ainsi d’optimiser leur utilisation.

En définitive, l’industrie 4.0 peut impliquer une reconfiguration du modèle d’affaire des entreprises, qui cherchent à assurer l’interopérabilité entre leurs différents systèmes pour améliorer aussi bien leur productivité qu’améliorer les services offerts à leurs clients.

 

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