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Usine du futur 4.0-1

Au-delà des usines : les enjeux politiques de l’Industrie 4.0

Fanny Delacauw
29/08/22 12:30

Au-delà des enjeux technologiques liés à l’usine du futur 4.0, l’industrie 4.0 est également la source d’enjeux humains et organisationnels au niveau de l’emploi, du travail, de l’organisation et des nouveaux champs de compétences requis.

Lorsque les briques technologiques de l’internet des objets industriels et de l’intelligence artificielle font système au sein d’une usine 4.0, il apparaît une continuité numérique avec à la clé des enjeux économiques et politiques forts. Ces enjeux sont de 3 niveaux :

  • La cybersécurité relatives aux systèmes numériques ;
  • La redistribution du pouvoir le long des chaînes de valeur dans un contexte de transparence croissante sur les activités de production ;
  • Le maintien d’une souveraineté comprise comme la capacité à préserver l’autonomie de la décision économique et politique face à la dépendance que créent les solutions proposées par les acteurs du numérique.

La cybersécurité, condition dirimante de l’usine du futur 4.0

La multiplication des éléments communicants, des flux, des interfaces et le contrôle croissant exercé sur la production via des données transitant en dehors de l’entreprise posent la question de la sécurisation des communications et des systèmes informatiques.
           
Les dangers multiples ne viennent pas seulement de hackers isolés ou de malfaiteurs, mais aussi d’équipes agissant sous la coupe d’États qui cherchent à déstabiliser certaines entreprises, certaines industries, ou à voler des secrets industriels.

Les besoins de sécurité à l’ère de l’usine 4.0 concernent :

  • La confidentialité, liée au vol de données ;
  • La disponibilité, liée à la prise de contrôle malveillante de tout ou partie des systèmes de pilotage de l’entreprise, à l’arrêt des équipements et à la perte de données ;
  • L’intégrité des équipements, avec leur dégradation potentielle.

Or, la protection d’équipements interconnectés caractéristiques de l’usine du futur 4.0 pose des problèmes nouveaux :

  • La convergence croissante entre l’informatique industrielle et l’informatique classique multiplie les portes d’entrées et les sources de menaces. Les systèmes de contrôle et d’acquisition de données sont rarement suffisamment mis à jour. Quand bien même ces mises à jour seraient possibles étant donné l’ancienneté de certains équipements, les protocoles industriels ont souvent été définis sans considérer la sécurité ;
  • La culture des risques liés à la cybersécurité reste très rudimentaire et beaucoup d’industriels ne prennent pas consience des menaces. Ils se sentent protégés jusqu’au jour où survient la première attaque ;
  • Les organisations industrielles où les « bureaux » et l’« atelier » restent séparés connaissent une dilution de responsabilité préjudiciable au traitement de l’enjeu de la cybersécurité : est-il de la responsabilité de la production ou du service informatique ?

D’où l’importance d’inciter à la prise de conscience et d’accompagner les entreprises industrielles dans une démarche leur permettant d’appréhender le risque informatique et de réaliser de nouveaux apprentissages.

Une réponse à cet enjeu de cybersécurité consiste aussi à développer des langages d’interopérabilité sécurisés pour l’industrie. C’est un des objectifs de la fondation OPC qui développe l’OPC-UA, un langage interopérable sécurisé dédié aux objets connectés industriels.

Le numérique industriel et la redistribution du pouvoir propre à l’usine 4.0

Pour se déployer, le numérique requiert le logiciel, de la puissance de calcul et de la puissance de stockage.

La généralisation du numérique propre à l’usine du futur 4.0 conduit à une concentration des systèmes d’information dans l’entreprise, avec une imbrication de plus en plus forte entre la conception des produits et la conception des chaînes de production favorisée par l’utilisation de suites logicielles intégrées. Cette tendance renforce considérablement le pouvoir des éditeurs de logiciels. Les industriels grognent déjà face aux coûts induits par les licences et les montées de version de leurs outils logiciels. Mais qu’en sera-t-il demain lorsqu’ils auront face à eux un interlocuteur unique dont les produits seront, pour une large part, garants de leur efficacité opérationnelle en temps réel ?

Concernant la puissance de calcul et de stockage, cette question du numérique industriel prend une dimension géostratégique avec l’irruption des entreprises américaines, puis chinoises de l’internet dans le jeu industriel. Ces géants disposent de moyens considérables avec des capitalisations boursières de firmes comme Apple ou Google, sept à dix fois supérieures à celles des plus grands groupes industriels allemands.

Un géant comme Amazon est l’un des principaux acteurs du cloud. La migration de toutes les applications informatiques industrielles sur des plateformes externalisées est amorcée, offrant à la fois une énorme puissance de stockage, mais également la puissance de calcul nécessaire aux opérations industrielles.

Cette évolution vers le cloud permet des gains significatifs pour les entreprises libérées de la gestion coûteuse des équipes et des infrastructures informatiques. Mais elle les rend dans le même temps dépendantes de prestataires gigantesques vis-à-vis desquels leur pouvoir de négociation sera très réduit.

En résumé, quelles seront les marges de manœuvre des usines du futur 4.0 face à des acteurs qui détiendront les clés de la relation client via la captation des données d’usage, des flux de produits et de biens, via leur infrastructure logistique, et des données de production, via leurs plateformes cloud ?

Usine du futur 4.0 et souveraineté numérique

Dans l’industrie des biens d’équipements, les fabricants de machines réalisent en général des marges de 25% sur les services et les pièces détachées, alors que leurs machines sont vendues avec des marges inférieures à15 %. Pour le dire autrement, la seule vente de machines ne suffit plus à financer leur développement et leurs investissements.

Or, la menace est bien réelle si leurs pièces détachées se trouvent mises en vente sur des sites d’e-commerce captant une part de la marge, si leurs contrats de maintenance sont « ubérisés » par d’ingénieuses start-ups et si les services informatiques liés à leurs machines sont captés par des opérateurs de plateformes de services industriels.

Dans ce domaine, les américains savourent leur victoire. Sur le stand de Siemens-Mindsphere à la Foire d’Hanovre en avril 2018, SAP a disparu des partenaires centraux, cédant la place à Amazon Web Services. Amazon, connu pour ses colis et ses entrepôts, réalise plus de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans une toute autre activité : l’infrastructure informatique. Amazon vend du stockage de données et de la puissance de calcul. Les acteurs allemands voire européens n’ont pas encore la capacité pour offrir des services de même qualité en termes de scalabilité.

L’Europe est confrontée à une redoutable problématique de souveraineté numérique. Même si ces acteurs assurent que les données des clients européens restent stockées dans des centres situés en Europe, rien ne garantit que les autorités de leur pays d’origine respectent la confidentialité.

En définitive, la mise en pratique de l’usine 4.0 suscite des questionnements en termes de cybersécurité et de pouvoir de négociation. L’usine du futur 4.0 implique l’interconnexion des systèmes et des machines, ainsi que le déploiement des objets connectés. D’une part, ces technologies ont pour conséquence d’augmenter la « surface d’attaque » exploitable par les pirates informatiques. D’autre part, en mettant les entreprises en contact avec de nouveaux intermédiaires pour l’intégration de logiciels et d’applications interconnectées, elles diminuent le pouvoir de négociation de ces mêmes entreprises face à des acteurs plus importants, qui détiennent les clés de la relation client.

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