L'intégration de l'intelligence artificielle (IA) dans le secteur financier transforme radicalement la manière dont les consommateurs interagissent avec leurs finances. Placer de l’argent via une application ou gérer un portefeuille à l’aide d’algorithmes d’IA est désormais accessible au plus grand nombre. Selon Maya Cachecho, professeur en droit de l’Université de Montréal, si cette ludification des investissements offre des avantages indéniables, elle comporte aussi des risques que les consommateurs doivent apprendre à appréhender.
Le secteur de la fintech (finance et technologie) connaît un essor fulgurant. Avec l’intelligence artificielle, ce sont les habitudes des consommateurs comme celles des représentants des fonctions financières qui se voient chamboulées.
Cependant, Marie Élaine Farley insiste sur l’importance de la transparence envers les clients concernant l’utilisation de ces outils d’IA, en particulier dans un contexte où il devient parfois difficile de distinguer les interactions humaines des réponses générées par des systèmes d'IA comme ChatGPT : « La relation client est subtile et c’est important que la technologique traduise bien ce qu’il désire (…) Avec GPT et l’IA générative, il est souvent impossible de savoir si on parle à un humain ou à une machine. Il faut actualiser les règles de fonctionnement, mais pas à l’insu des consommateurs ».
L’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur financier a bouleversé la manière dont les professionnels de la finance travaillent et interagissent avec leurs clients.
Cependant, selon Chantal Lamoureux, PDG de l’Institut de planification financière, un organisme à but non lucratif (OBNL) de formation des planificateurs financiers, de nombreux consommateurs se sentent démunis face à cette nouvelle technologie. Les niveaux de littératie financière restent faibles, ce qui peut entraîner une vulnérabilité accrue des consommateurs.
Un sondage réalisé par le Financial Resilience Institute confirme ces constats : le manque de compréhension des outils financiers et technologiques a un impact direct sur la vie des gens. Dans un contexte où il existe un déficit de planificateurs financiers au Canada, la technologie pourrait bien être la solution. Cependant, cette solution ne pourra être pleinement exploitée que si les praticiens de la finance s’y intéressent activement et investissent dans leur propre formation.
Malgré l'engouement croissant pour l'IA dans la finance, un sondage récent révèle que seulement 29% des planificateurs financiers utilisent l’intelligence artificielle dans le cadre de leur travail. Ce pourcentage baisse encore lorsque l’on se penche sur la formation reçue : à peine 18% des planificateurs ont suivi une formation à des outils spécifiques comme les plateformes d’intelligence générative telles que Conquest.
Cette situation souligne l’urgence de développer un cadre de formation et de déontologie qui non seulement protège les consommateurs, mais encourage aussi les professionnels à embrasser cette transformation technologique.
Pour Chantal Lamoureux, « Il faut développer cette pensée numérique chez tous les planificateurs ». Cela nécessite l'acquisition d’un large éventail de compétences : la fiscalité, les placements, la législation, mais aussi la maîtrise des nouvelles technologies et des outils d’intelligence artificielle.
Marc Beaudoin, président de la Chambre de l’assurance de dommages, souligne l’importance pour les conseillers de garantir la confidentialité des données et de ne pas faire de fausses représentations. En effet, un mauvais usage de la technologie, ou une méconnaissance de ses capacités, pourrait entraîner la transmission d’informations erronées aux clients, ce qui mettrait en péril la qualité du service et pourraient présenter des risques financiers : « Cela nécessite de la formation et de la sensibilisation, chez les cadres, les employés et les consommateurs », insiste-t-il.
En parlant de risques financiers, le développement rapide de l’intelligence artificielle dans le domaine financier suscite des interrogations éthiques.
Les plateformes d’IA collectent une quantité considérable de données personnelles, ce qui accroît les risques de fraude et d’utilisation abusive des informations sensibles. La réglementation, souvent en retard par rapport à l’innovation technologique, peine à encadrer ces nouveaux outils financiers. Comme l’indique Marc Beaudoin, « la technologie va trop vite par rapport à l’encadrement règlementaire, comme dans bien d’autres domaines ».
« C’est un domaine en pleine expansion, et beaucoup sont très enthousiastes, car cela facilite l’accès à la finance, mais il y a un manque flagrant de littératie financière et de protection législative », ajoute Christian Corbeil, Directeur Général d’Option Consommateurs. Il rappelle d’ailleurs que de nombreux consommateurs ne sont pas suffisamment protégés contre les pratiques abusives liées à ces nouvelles technologies. Par exemple, certaines offres comme l’« acheter maintenant, payer plus tard » souvent mentionnées pour les petits achats en ligne échappent à la réglementation sur le crédit, laissant les consommateurs dans le flou et exposés à des risques de surendettement. Il devient donc crucial de réviser les cadres légaux pour garantir une protection adéquate des consommateurs.
En 2023, le Conseil de l’innovation du Québec a émis 37 recommandations pour un usage éthique de l'IA. Parmi elles, comme mis en évidence plus haut par Marie Élaine Farley, l'importance de la transparence pour les consommateurs, qui doivent être informés lorsqu'ils interagissent avec un système d'intelligence artificielle.
En conclusion, l’intelligence artificielle redessine les contours du secteur financier en rendant les services plus accessibles et plus efficaces. Si l’adoption de l’IA promet d’améliorer l’accès aux services financiers et d’optimiser la gestion des portefeuilles, elle comporte aussi des risques importants, notamment en matière de confidentialité des données et de protection des consommateurs. C’est pourquoi cette transformation nécessite une adaptation des régulations et une formation continue des professionnels. La formation à l’intelligence artificielle est une priorité pour les professionnels du secteur financier, qui doivent se doter des outils nécessaires pour utiliser ces technologies de manière responsable et éclairée.
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Source : https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2024/05/22/finance-ia-entre-capitalisation-risques
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