Les récentes avancées qui ont pris place dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) laissent entrevoir les importantes conséquences économiques que cette nouvelle technologie pourrait déclencher à l’avenir.
Ces conséquences pourraient tant être de nature positives que négatives. Sont entre autres mentionnées une amélioration de la croissance de la productivité structurellement en déclin, ainsi que la disparition d’emplois, ou la domination de la scène économique par un petit cluster de grandes entreprise.
La Belgique, au même titre que 9 autres pays, participe au projet AI Diffuse de l’OCDE, en cours. Selon les premiers résultats de cette enquêtes, les entreprises restent peu nombreuses à utiliser l’IA.
Le taux d’utilisation de l’IA est toutefois plus avancé en Belgique, en comparaison avec d’autres pays. C’est d’ailleurs dans ce pays que le rapport positif entre IA et productivité des entreprises est le plus marqué.
La définition de l’IA est complexe à appréhender. En effet, l’IA ne représente pas une technologie autonome, mais plutôt un ensemble de technologies intégrées à d'autres technologies de l'information et de la communication (TIC).
Depuis 2019, les pays membres de l'Union européenne réalisent une enquête annuelle sur l'utilisation des TIC et du commerce électronique dans les entreprises, en suivant les directives et les définitions d'Eurostat. L’enquête de 2021 est la seule à aborder la question de l’IA, qu’elle définit comme ceci :
L’Intelligence Artificielle désigne les systèmes qui utilisent des technologies telles que : l’exploration de texte, la vision par ordinateur, la reconnaissance vocale, la génération en langage naturel, l’apprentissage automatique, l’apprentissage profond pour rassembler et/ou utiliser des données afin de prédire, recommander ou décider, avec divers degrés d’autonomie, les meilleures actions pour atteindre des objectifs spécifiques
Pour expliquer les différents termes mentionnés dans cette définition :
Les données de l’enquête 2021 de Statbel sur l'utilisation des TIC et de l’e-commerce par les entreprises ont été utilisées par le Bureau fédéral du Plan pour participer au projet AI Diffuse de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE).
10 pays participent à cette enquête : l’Allemagne, la Belgique, la Corée du Sud, le Danemark, la France, l’Irlande, Israël, l’Italie, le Japon et la Suisse.
Grâce à un code statistique sur les données d’enquêtes menées au sein des pays susmentionnés, est analysée et comparée l’utilisation de l’IA par les entreprises.
Ci-dessous se trouvent les premiers résultats mis en évidence par Calvino et Fontanelli (2022).
Le graphique ci-dessous illustre les disparités dans l'adoption et l'utilisation de l’IA dans les entreprises belges, en fonction de leur taille :
En général, dans les dix pays étudiés, les grandes entreprises (ayant 250 employés ou plus) ont une utilisation plus élevée de l'IA. Selon Calvino et Fontanelli, cela pourrait s'expliquer par les économies d'échelle résultant des coûts fixes élevés associés à l'utilisation de l'IA, ainsi que par la nécessité d'investir dans les TIC et les compétences en matière d'IA.
Dans les 10 pays participants, c’est le Danemark qui recense le plus haut taux d’utilisation de l’IA, avec plus de 60% pour les grandes entreprises. La Belgique est, avec 42% des grandes entreprises.
L’âge représentant le nombre d’années depuis la création d’une entreprise, le second graphique représente la part des entreprises belges qui développent ou utilisent elles-mêmes l’IA, selon trois tranche d’âge.
En 2020, tant le développement que l’utilisation de l’IA étaient plus importantes dans les entreprises dans l’âge de 6 à 10 ans, et moins importantes pour les jeunes entreprises de 0 à 5 ans.
Il est en de même pour le Japon et Israël. En revanche, c’est l’inverse pour le Danemark, la France et la Corée du Sud, où ce sont les plus jeunes entreprises (0-5 ans) qui utilisent le plus l’IA. Depuis 2011, celles-ci profitent des avancées de l’apprentissage automatique, des réseaux neuronaux et de la disponibilité en suffisance de données et de puissance de calcul.
En ce qui concernent les secteurs, l’IA est plus développée et plus utilisée dans les entreprises qui appartiennent aux TIC ; les services d’information ; les télécommunications et la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques.
Au-delà de ces secteurs où développement et utilisation de l’IA peuvent sembler aller de soi, d’autres branches ont également adopté cette nouvelle technologie, dont l’édition, l’audiovisuel et la diffusion ; la production et la distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné ; les produits du travail du bois, papiers et cartons, travaux d'impression.
La comparaison des pays montre que l’utilisation de l’IA est plus homogène entre les différents secteurs d’activité en Belgique, au Danemark, en France et en Italie, laissant supposer qu’elle y est plus largement diffusée au sein des entreprises.
L’enquête de 2021 questionnait les entreprises sur les raisons pour lesquelles elles n’avaient pas encore recours à l’IA.
Que ce soit pour les entreprises de 50 à 249 employés, ou pour celles de 250 employés ou plus, les facteurs considérés comme étant des obstacles à l’adoption de l’IA sont identiques. Ils sont listés dans le tableau suivant :
% des entreprises |
||
250 employés ou plus | 50-249 employés | |
Manque d'expertise dans l'entreprise | 10,1 | 7,6 |
Difficultés liées à la disponibilités ou à la qualité des données | 8,3 | 6,2 |
Incomptabilité avec les équipements, logiciels ou systèmes existants | 7,8 | 6,0 |
Les coûts semblent trop élevés | 7,0 | 5,5 |
Préoccupations concernant la violation de la protection des données et le respect de la vie privée | 4,5 | 3,5 |
Manque de clarté quant aux conséquences juridiques | 4,4 | 3,3 |
Considérations éthiques | 2,5 | 1,5 |
IA pas utile à l'entreprise | 0,7 | 1,4 |
Associée au Big Data, à l'internet des objets et à la robotisation, l’IA pourrait jouer un rôle d’importance dans la transformation numérique de l’économie et, in fine, dans la hausse de la productivité issue de l'automatisation des processus.
Toutefois, comme le précisent Calvino et Fontanelli (2022), ce lien entre IA et productivité des entreprises n’est actuellement pas clairement établi, notamment en raison du nombre limité d’études empiriques qui s’y intéressent.
Le projet AI Diffuse se penche sur cette corrélation.
Le graphique ci-dessous présente la part des entreprises belges qui développent ou utilisent l’IA, réparties selon cinq catégories de productivité du travail, mesurée par le chiffre d’affaires par employé.
Il est à noter que le fait que les entreprises les plus productives soient celles qui développent et utilisent le plus l’AI ne démontre pas forcément que celle-ci impacte positivement la productivité. Cette donnée peut également signifier que ces entreprises sont celles qui ont la plus grande capacité financière à investir dans l'IA.
En ce qui concerne les autres pays participants au projet :
Le projet AI Diffuse se base sur les données d’enquête d’une seule année, ce qui ne permet pas de mettre en relation les investissements en IA et leurs effets. Les pays pour lesquels plusieurs enquêtes ont été réalisées au fil des années montrent cependant que ce sont les entreprises les plus productives qui réalisent les investissements les plus importants en IA.
En dehors du projet AI Diffuse, une enquête réalisée en Finance par Bäck et al. (2022) démontre un impact de l’IA sur la productivité, mais uniquement :
Selon Brynjolfson, Rock en Syverson (2021), l’absence de corrélation positive claire entre IA et productivité peut s’expliquer par son introduction récente dans les entreprises, et par la nécessité de réaliser des investissements dans les TIC et dans le développement des compétences, pour que l’IA soit rentable.
Si, à l’avenir, cette corrélation positive entre AI et productivité venait à se concrétiser, il serait également indispensable de prendre en compte les répercussions négatives éventuelle sur le marché de l'emploi, et l’évolution vers un marché dominé par un petit nombre de très grandes entreprises.
Vous aimeriez en savoir plus sur la transformation digitale des entreprises, et mener votre propre organisation sur cette voie ?
Découvrez notre Certificat de spécialisation en gestion de l'innovation technologique !
Copyright © 2023 HEC Liège Executive Education | Conditions Générales de Vente des Formations Inter-Entreprises | Aides à la Formation | Protection de la Vie Privée
Developed by @Stratenet
Dites-nous ce que vous en pensez !