Vous ressentez une fatigue persistante dès le matin, vous passez des heures le regard fixé sur l'ordinateur sans accomplir grand-chose, vous avez l’impression de quitter votre espace de travail pour aller retrouver une nouvelle liste de tâches exigeantes à la maison, ce qui vous amène à ressentir plus facilement de l'impatience ou de l'irritabilité envers vos proches… Ces signes peuvent être ceux d’un burnout professionnel.
Ce sentiment d'épuisement, de cynisme et de distance émotionnelle qui découle d'un manque d'impact ou d'autonomie au travail, est une réalité que beaucoup ont déjà ressentie à un moment donné.
Le burnout ne surgit pas soudainement, mais s'accumule au fil du temps. Il est alimenté par un déséquilibre persistant entre les exigences du travail et les ressources disponibles pour y faire face. Ces ressources peuvent être liées à du temps, de l’énergie ou à un manque d’outils. Cette situation peut survenir même avec une liste de tâches apparemment gérable : si une seule tâche essentielle de cette liste reste inachevée, cela peut engendrer les sentiments aliénants caractéristiques du burnout.
Selon une enquête mondiale menée par McKinsey auprès de près de 15000 employés et 1000 décideurs en ressources humaines entre février et avril 2022, près d'un quart des employés sondés dans différents pays et groupes démographiques ont signalé des signes de burnout.
Ce phénomène peut avoir un impact significatif sur le bien-être des individus, se manifestant par divers symptômes-clés :
Les femmes sont particulièrement touchées par le burnout, comme le montre le rapport annuel de McKinsey sur les femmes sur le lieu de travail. Celles-ci déclarent ressentir des signes de burnout à des taux plus élevés que les hommes, et cet écart entre hommes et femmes ne cesse de croître. De 2021 à 2022, il a même quasiment doublé.
Les responsabilités supplémentaires assumées à la fois au travail et à la maison contribuent à cette situation. Les femmes consacrent en moyenne plus de temps que les hommes aux tâches domestiques, et les femmes leaders en font également davantage pour aider leurs collègues à jongler entre travail et vie personnelle. Malheureusement, ces efforts ne se traduisent souvent pas par des promotions ou des augmentations.
Selon l’enquête de McKinsey, la toxicité au travail est le facteur majeur de burnout professionnel. Les comportements toxiques tels que le traitement injuste, la compétition malsaine, ou les comportements abusifs de la part des supérieurs hiérarchiques ou des collègues peuvent entraîner des conséquences graves sur le bien-être des employés.
De façon générale, le comportement toxique fait référence à tout élément qui amène un employé à se sentir dévalorisé, rabaissé ou en insécurité.
Selon McKinsey, un employé confronté à des comportements toxiques est presque huit fois plus susceptible de ressentir des signes de burnout. Or, 25% des répondants déclarent avoir été la cible de tels comportements.
Le burnout professionnel a également un impact financier sur les employeurs, et ce à divers niveaux :
Selon l’étude de McKinsey, les employés en proie à des signes de burnout sont six fois plus enclins à envisager de quitter leur emploi dans les prochains mois. Or, le remplacement d'un employé peut coûter jusqu'à deux fois son salaire annuel, sans compter les taux plus élevés d'absentéisme et de congés de maladie associés au burnout au travail. Ne pas traiter ce problème peut entraîner une spirale descendante en termes de performance individuelle et organisationnelle.
Il est impossible de savoir si les membres d’une équipe sont en proie au burnout professionnel sans entreprendre des mesures de mesure appropriées. Cependant, il est important de souligner deux éléments :
Pour aider les entreprises à évaluer l'état de santé mentale et de bien-être de leurs employés, l'Institut McKinsey pour la santé a mis en place une enquête libre d'accès à l'échelle mondiale. Les employeurs participant à cette enquête partagent leurs données pour contribuer à une meilleure compréhension des niveaux de burnout à l'échelle internationale.
Bien qu’un nombre croissant d'entreprises reconnaissent l'importance de promouvoir la santé mentale et le bien-être de leurs employés, les initiatives qu’elles mettent en place ne suffisent pas à garantir un bien-être global au sein des effectifs. Parmi ces initiatives se trouvent généralement des séances de yoga ou des accès aux applications dédiées à la santé mentale. En effet, ces démarches ont tendance à se concentrer davantage sur les signes du burnout plutôt que sur ses racines profondes.
Certaines entreprises abordent le problème du burnout professionnel en formant leurs employés à développer leur résilience. L'enquête McKinsey de 2022 révèle que les employés qui font preuve de résilience et d'adaptabilité sont mieux préparés à gérer les difficultés. Toutefois, ces compétences individuelles, aussi cruciales soient-elles pour la santé du milieu professionnel, ne peuvent pas compenser les comportements nuisibles qui persistent au travail.
Les comportements toxiques doivent être traités et éradiqués. Même si les employés formés à la résilience sont mieux préparés à travailler dans des environnements toxiques, ils sont également moins enclins à tolérer ces conditions sur le long terme. En effet, les résultants de l’enquête montrent qu’ils sont à 60% plus susceptibles de quitter l'entreprise s'ils sont confrontés à des comportements toxiques.
En matière de santé, la prévention est toujours préférable à la guérison.
Une approche systémique contre le burnout professionnel implique de s'attaquer non seulement aux comportements toxiques sur le lieu de travail, mais également de repenser le travail dans sa globalité, afin qu'il devienne inclusif, durable et propice à l'apprentissage et à l'épanouissement individuel. En d’autres termes, cette approche requiert de procéder à :
Selon l’étude de McKinsey, même si une entreprise venait à optimiser tous les facteurs organisationnels, cette démarche n’apporterait pas d'amélioration significative quant aux signes de burnout observés. C’est la diminution du niveau de toxicité qui réduit réellement les impacts négatifs et renforce les impacts positifs.
Ainsi, une première étape essentielle pour l’entreprise consiste à identifier et traiter les signes de comportement toxique. Ensuite, il convient de mettre et de protéger les canaux de feedback et leur anonymat.
Si des comportements toxiques sont repérés, ils doivent être pris en compte lors des évaluations de performance des employés.
Toutefois, il ne s'agit pas uniquement d’agir sur la toxicité. Il est tout aussi crucial d'encourager un leadership transformationnel bienveillant et de cultiver un environnement de soutien.
Au-delà de l'élimination des comportements toxiques, la direction doit accorder une importance primordiale à la communication envers les employés, afin de montrer leur engagement envers la santé mentale des collaborateurs.
Le burnout au travail est un problème sérieux qui peut avoir un impact profond sur la santé mentale des individus et la performance des entreprises. En reconnaissant les signes de burnout, en agissant contre la toxicité au travail et en adoptant une approche globale, les employeurs peuvent créer des environnements de travail sains et favorables, où les employés peuvent s'épanouir et contribuer pleinement.
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Source : https://www.mckinsey.com/featured-insights/mckinsey-explainers/what-is-burnout