La peine que nous donne le travail pour être bien fait ne vaut cette peine que si ce travail permet la reconnais-sens de sa valeur, reconnaissance pour et par celui qui l’exécute, reconnaissance aussi par ceux pour lesquels il est exécuté.
Ce n’est pas l’individu qui est devenu plus faible ou moins résistant mais son environnement de travail qui a changé. La relation que le travailleur entretient avec l’organisation dans laquelle il l’exécute a été complètement bouleversée. Comme dit le Dr Pierre Firket : « Ce n’est pas l’homme qui est devenu plus malade mais bien le travail en lui-même. »
C’est pour cela qu’il a créé avec toute une équipe multidisciplinaire : « La clinique du Travail ! ». Le CITES , Clinique du Stress et du Travail, évalue les risques psycho-sociaux liés au travail, dans une approche individuelle mais aussi collective afin de prévenir le mal-être en travaillant sur la relation au travail.
C’est aussi pour cela que nous avons créé, à HEC Liège Executive Education, avec le Dr.Pierre Firket, le Dr. Valentine Delsaux, ainsi qu'avec Jean-Louis Pire, des formations et du coaching sur ces sujets dans les organisations et dans nos formations inter-entreprises.
Ils interviennent tous les deux dans la formation du parcours New Ways Of Working : "Bien-être et risque psycho-sociaux, préventions et actions."
Jean-Louis Pire, actif depuis plus de trente ans dans le monde de la transformation organisationnelle. Convaincu de l’absolue nécessité de rendre la gestion du changement résolument plus humaine. Il se consacre à présent au coaching des leaders trans- formationnels en tant que senior consultant au sein de l’Executive Education de HEC Liège.
Il intervient dans le module " Gestion du changement : développer son leadership Transformationnel" du Certificat d'université en Project & Change Management " (septembre 2020), module dans lequel il aborde la thématique du rôle fondamental des leaders au niveau organisationnel et de l'intelligence émotionnelle de ces derniers pour préserver le bien-être des travailleurs dans des environnements de changement.
L’emballement de notre modèle économique et la recherche d’un profit toujours plus grand poussent non seulement à produire toujours plus, plus vite mais aussi avec le moins de ressources possibles. Pour tenter d’y arriver, nos systèmes, nos organisations, mutent en permanence, toujours plus vite, réagissent face aux autres systèmes, se réorganisent, se (re)cherchent, tentent de s’adapter, tentent de devenir plus performants que leurs concurrents…sans s'inquiéter nécessairement des impacts sur les personnes qui sont impliquées, impactées ou ad minima concernées par ces changements.
Le temps s’emballe ne laissant que peu de chance à la mise en place d’une adaptation réussie de l’organisation.
Les travailleurs, leurs compétences (celles qui leur permettaient de « bien travailler » avant) sont tout à coup déclaré(e)s « obsolètes ».
Le sens peut bien entendu provenir d’un enjeu qui dépasse le travail individuel, tel que « être au service de » la population par exemple. Mais cela n’est pas toujours le cas, loin s’en faut. Et ce le serait même, cela ne suffit pas si « être fier(e) de son travail personnel » devient illusoire. « Faire du beau travail » peut paraître vain… La peine que l’on s’est donnée pour faire du « beau travail », du « travail bien fait » qui suscitait de la fierté, car ce travail fait un peu partie de nous-même, de notre identité et participe à notre accomplissement, cette peine devient vaine, et la perte de sens est à notre porte !
Certains se referment sur eux-mêmes, perdant toute envie de solidarité collaborative, allant vers un « chacun pour soi ». D’autres se perdent en énergie, ils s’emballent à essayer et essayer encore d’y arriver ... jusqu’à épuisement total. et développent alors des symptômes voire un burn-out. D'autres s'ennuient à travailler sans comprendre, se résignent et risquent alors le bore-out . Enfin le brown-out guette ceux qui développent un sentiment d’inutilité qui finit par éteindre toute énergie et toute image positive de soi-même.
Il est dès lors grand temps de comprendre comment agir préventivement face à ces constats. Certains voudront changer le monde : comment aller vers un système plus humain, plus collaborant, plus partagé, plus relationnel… qui ne soit plus basé uniquement sur la croissance financière ? ; d’autres, humblement et à plus court terme, cherchent comment améliorer déjà la situation hic et nunc, à une échelle plus locale mais aussi plus concrète et plus rapide. C'est notre but en formant les travailleurs et leurs managements de proximité à des compétences sociales, relationnelles, à des méthodes permettant de prendre le temps de s’écouter, de chercher ensemble des solutions, de recréer du lien et du sens.
Sylvie-Anne Piette
(A suivre...)
Références :
https://www.liegecreative.be/la-resilience#pierre-firket-420