Docteur en sciences économiques et de gestion, Nicolas Neysen joue un rôle clé au sein de HEC Liège, où il pilote la transformation numérique et supervise les programmes en stratégie pour HEC Liège Executive Education. Auteur prolifique, il a récemment publié un essai intitulé Métamorphoses numériques, qui explore les bouleversements liés aux technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle, le métavers, la blockchain ou encore le marketing d’influence. Ces thématiques y sont abordées sous l’angle de leur impact sur une société en perpétuelle mutation digitale.
Dans une interview accordée au journal L’Avenir Luxembourg, Nicolas Neysen revient sur les motivations de cet ouvrage. Son ambition : rassurer un large public souvent désorienté face à l’essor rapide des nouvelles technologies, et proposer des pistes de réflexion accessibles pour mieux les appréhender.
La transition digitale de HEC Liège s’incarne notamment dans le Digital Lab, une cellule d’expertise dédiée aux innovations technologiques, créée il y a cinq ans par Nicolas Neysen et son équipe. Ce laboratoire publie deux fois par an un recueil thématique nourri de contributions de professionnels et d’universitaires. Chaque numéro s’articule autour d’un sujet d’actualité, comme les cryptomonnaies, le marketing digital ou les systèmes d'information.
Ces publications spécialisées ont rapidement suscité un besoin de vulgarisation de la part du public. C’est dans ce contexte que Nicolas Neysen a entamé un dialogue avec les Presses Universitaires, menant à la naissance de Métamorphoses numériques, un ouvrage de synthèse à visée pédagogique.
L’un des fils rouges de l’essai est la perception de l’intelligence artificielle. Si son adoption est parfois freinée par la crainte ou l’incompréhension, l’auteur insiste sur la nécessité de dépasser les peurs irrationnelles. « La peur n’est jamais de bon conseil » affirme-t-il. Pour lui, deux attitudes sont possibles : « On peut être des lapins immobiles ou alors on essaie de les comprendre pour les utiliser ».
S’il reconnaît la légitimité de certaines inquiétudes, il appelle à aborder ces technologies comme des outils à comprendre, maîtriser et encadrer. Il rappelle notamment que l’intelligence artificielle reste un ensemble de modèles mathématiques sans autonomie propre :
« Elle n’est qu’une suite d’algorithmes et ne va pas se réveiller un jour et se dire qu’elle ferait bien quelque chose. Ce n’est qu’un modèle probabiliste. Il ne faut donc pas avoir de craintes, mais comprendre comment cela fonctionne. Et il faut pouvoir la réguler ».
L’un des risques les plus souvent évoqués à propos de l’IA concerne la diffusion de contenus trompeurs générés automatiquement : deepfakes, images falsifiées, fausses vidéos… Pour Nicolas Neysen, au-delà de la régulation, c’est également le développement de l’esprit critique qui est essentiel.
« L’IA ne réagit que par rapport à ce qu’on lui donne à manger » souligne-t-il, en mettant en garde contre les usages malveillants. Chacun porte donc une part de responsabilité dans la manière dont il utilise et alimente ces outils.
Il insiste aussi sur les limites de ces technologies en comparaison avec l’intelligence humaine : « Un enfant de 2 ans comprend en lui expliquant deux fois ce qu’est un chat. Pour l’IA, il faudra lui expliquer 200 000 voire 300 000 fois. L’intelligence humaine est hyperpolymorphe alors que l’IA ne sait mettre en lien qu’un seul domaine ».
Avec Métamorphoses numériques, Nicolas Neysen propose une lecture ouverte à tous ceux qui souhaitent s’informer sur les grandes tendances technologiques, sans avoir besoin de compétences techniques préalables. L’ouvrage ambitionne ainsi de rendre compréhensibles les enjeux contemporains du numérique, en éclairant les potentiels, les limites et les responsabilités que son utilisation implique.
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Source : « Ne pas craindre l’IA, mais la comprendre », Thierry LEFEVRE pour L'Avenir Luxembourg du 03/03/2025